EN APARTE...
01 juin 2013RAVEL
Concerto en sol Majeur: Adagio Assai
Hélène Grimaud
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" Ce n'est qu'au prix d'une patience ardente que nous pourrons conquérir la cité splendide qui donnera la lumière, la justice et la dignité à tous les hommes. Ainsi la poésie n'aura pas chanté en vain."
Arthur Rimbaud
Changer la vie. Entretien avec Edgar Morin
Propos recueillis par Jean-François Dortier
« Changer la vie », mot d’ordre du poète Arthur Rimbaud, ne représente plus aujourd’hui l’aspiration d’un individu mais doit être celui de notre époque. L’humanité est face à un grand défi : elle appelle à une politique de civilisation qui suppose aussi une réforme de vie.
Vous consacrez une partie de votre ouvrage La Voie à la définition d’une « réforme de vie » qui accompagne et justifie une politique de civilisation, indispensable pour affronter les grands défis de l’humanité.
Qu’entendez-vous par réforme de vie ?
Effectivement, la « voie » que je propose dessine un autre horizon que celui vers lequel nous précipite l’histoire actuelle. La planète Terre est engagée dans un processus infernal qui mène l’humanité à une catastrophe prévisible. Seule une métamorphose historique pourra permettre de résoudre les crises – majeures et multiples – écologiques, économiques, sociétales, politiques qui menacent l’existence même de nos civilisations en voie d’unification.
Dans La Voie, je ne trace pas un « programme » politique, au sens étroit du terme, mais un chemin, une voie faite de la conjonction de multiples voies vers lesquelles nous devons nous orienter pour faire face au défi de la crise de l’humanité. Cette « politique de l’humanité » passe par des réformes économiques, politiques, éducatives et une régénération de la pensée politique dont je tente de tracer les contours. Ces réformes de société impliquent aussi une « réforme de vie ».
Le développement est une machine infernale de production/consommation/destruction qui nous précipite vers des crises écologiques et économiques. Ce processus trouve un parallèle sur le plan individuel : le développement de l’individu envisagé comme essentiellement quantitatif et matériel, lequel conduit chez les aisés à une course infernale vers le « toujours plus » et mène à un mal-être au sein même du bien-être, notion dégradée dans le seul confort. Aussi faut-il promouvoir le bien-vivre, qui comporte à la fois autonomie individuelle et insertion dans une/des communauté(s), dominer la chronométrie qui dégrade notre temps vivant, et réduire nos intoxications de civilisation qui nous rendent dépendants de futilités et de bienfaits illusoires.
Les sociétés occidentales se sont longtemps considérées comme des sociétés « civilisées » par rapport aux autres sociétés, jugées barbares. En fait, la modernité occidentale a produit la domination d’une barbarie glacée, anonyme, celle du calcul, du profit, de la technique, et n’a qu’insuffisamment inhibé une « barbarie intérieure », faite d’incompréhension d’autrui, de mépris, d’indifférence.
Les sociétés contemporaines ont accompli pour beaucoup ce qui était un rêve pour nos aînés : le bien-être matériel, le confort. Dans le même temps, on a découvert que le bien-être matériel n’apporte pas le bonheur. Pire ! Le prix à payer pour l’abondance matérielle s’avère d’un coût humain exorbitant : stress, course à la vitesse, addiction, sentiment de vide intérieur…
Par ailleurs, sur le plan humain, nous restons des barbares : l’aveuglement sur soi et l’incompréhension d’autrui s’expriment au niveau des sociétés et des peuples comme au niveau des relations personnelles, y compris au sein des familles et des couples. Beaucoup se séparent et se déchirent ; ces conflits ressemblent à des conflits guerriers fondés sur la haine, le refus de comprendre l’autre. D’autres couples ne font que coexister.
Quelques photos de Church Square à Pretoria
« Quand sera brisé l'infini servage de la femme , quand elle vivra pour elle et par elle, elle sera poète elle aussi ! »
Arthur Rimbaud
Merci à vous et à Bientôt