Ludovico EINAUDI

Time Lapse

Album: In a Time Lapse 

 

Philip GLASS

Heroes

Heroes symphony 

 

 

LE RETOUR...


A Matthieu... Pépite... Et tous ceux qui ont suivi ce Tour du Monde... Merci


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« Exprimer une idée est une activité difficile à laquelle il faut s'exercer ; la télé supprime cet exercice; nous risquons de devenir un peuple de muets, frustrés de leur parole, et qui se défouleront par la violence.  »

Albert Jacquard

 

 

Il y a des moments dans la vie ou l’on se dit que l’on vient quand même de vivre un truc incroyable…

Amazing, j’adore ce mot en anglais.


J’ai fait un truc incroyable. Je suis partie il y a un an, le 13 septembre 2012 accompagnée, pour ce premier vol, de Matthieu et Pépite vers une aventure que je n’avais pas imaginée. Matthieu, lui est resté à Montréal pendant un an et se balade en ce moment aux Etats Unis du coté de la Californie avant de rentrer. C’est moi qui chaque jour vais voir la photo qu’il nous propose et j’aime ça…

 

Il y a un an je ne pensais pas au retour, j’étais concentrée sur ma recherche d’écoles et d’informations sur ce que c’est que d’apprendre. Je me demandais comment j’allais pouvoir rencontrer tous ces gens et en même temps je me suis fait confiance, j’ai voyagé vers eux, ils sont venus vers moi.

 

Aujourd’hui je suis de retour. Et je vais vous raconter comment il s’est passé, parce que Sylvie, la libraire passionnée de Genève, qui nous a offert ses magnifiques commentaires pendant ce voyage, m’a dit que ce serait bien de le faire. Et il faut parfois écouter les conseils d’une amie.

 

Ce retour a commencé un peu avant la date effective du décollage de l’avion le 26 Août dernier.

Les 10 derniers jours que j’ai passé à Nairobi m’ont servi de tremplin. Ce moment que l’on prend pour réfléchir à ce que l’on va faire en rentrant, là où l’on va se poser. Je n’ai plus d’appartement, plus beaucoup de moyens mais des souvenirs et des histoires plein la tête.

 

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Pendant ces dix derniers jours, j’ai revu les enfants de l’orphelinat et Steven. Ils m'ont offert du café, du thé, et Lucy m'a offert des tissus Masai dont un pour Lyli, moi j'avais amené des gateaux...

Nous avons parlé de la cabane et de ce que je voulais en faire. Lucy qui s’occupe de la logistique de l’orphelinat et Sam des relations extérieurs ont écouté aussi ce que je proposais. On en a bien envie, mais il va falloir que je trouve des moyens et que l’on peaufine un peu. Steven connait un lieu à une douzaine de kilomètres de la ville où l’on pourrait l’installer.

On est comme des gamins à rêver de ce projet et hier matin encore ils m’ont envoyé des nouvelles pour me dire qu’ils y travaillent. Je leur ai dit que je pensais revenir dans moins d’un an… J’ai très envie de réaliser cela avec eux. Je pense à eux tous les jours et aux enfants aussi avec qui nous avons dansé. Steven m’a nommé responsable des relations Européennes… On rit beaucoup de tout cela.

 

Pendant ces dix jours j’ai aussi répertorié tous mes contacts pendant ce voyage et j’ai envoyé des messages à certains d’entre eux pour voir ce que nous allions pouvoir pérenniser. J’ai repensé à tout ce que j’ai vécu pour bien m’en imprégner, j’ai commencé à trier les photos pour l’expo et j’ai relu quelques articles que j’avais écrit pour continuer d'écrire la conférence.

 

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Et puis le jour du départ est arrivé, je me suis amusée à photographier quelques moments de la journée.

Le dernier petit dèj, les bagages, le jardin, le départ.

 

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J’avais demandé à Lucy de m’accompagner en Matatu jusqu’au centre ville et là elle m’a montré celui qu’il fallait que je prenne pour aller jusqu’à l’aéroport, on était parties en avance, de peur d’être coincées dans le trafic, mais ce jour là, la circulation était fluide. On ne parlait pas beaucoup, ça m’a rappelé notre départ avec Matthieu, dans le train vers Paris, après avoir quitté tous ceux qui étaient venus nous dire au revoir sur le quai de la gare. Je n’aime pas les adieux, mais ce n’en était pas, comme partout où je suis allée, on ne sait jamais ce que la vie nous réserve.

 

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A l’aéroport, je me suis souvenue en arrivant qu’il y avait eu un incendie. Toute l’organisation en était perturbée, mais ils ont été d’une efficacité impressionnante et d’un calme kenyan face à quelques occidentaux qui trouvent toujours que ça ne va pas assez vite… Je vole de nuit, nous partons à l’heure, je fais une escale à Zurich  à 6h du matin, je n’ai pas beaucoup dormi.

 

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Je suis arrivée à Paris à 9h, j’ai récupéré mon sac et je me suis installée pour boire un café à l’aéroport, comme je l’avais fait à chaque fois que j’étais arrivée quelque part. Pour sentir l’ambiance, pour m’imprégner petit à petit de ces lieux. Les discours étaient un peu toujours les mêmes, des préoccupations européennes à la fin des vacances…

 

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J’aime Paris, j’y avais trouvé un petit hôtel pas très loin de la place de la République, forcément je ne pouvais pas arriver ailleurs que là. Les vacances à peine terminées, un mardi à Paris c’est sympa. Une fois installée, les sacs posés,  je suis allée marcher pour retrouver la saveur des petites rues, des bars et des restaurants, de cette ambiance bien française que tellement de gens rencontrés dans ce monde nous envient.

 

J’aime mon pays et j’aime ce que tous ceux que j’ai rencontré dans le monde m’en ont dit. Si vous saviez le nombre de personnes qui aimeraient venir le découvrir et y vivre. Ceux qui aiment aussi apprendre notre langue, parce qu’ils en aiment les intonations et la musique. Ceux qui nous regardent comme une référence culturelle et démocratique. Alors oui je sais que vous êtes nombreux aujourd’hui à ne pas le voir comme eux, ni comme moi. Peut être que vous devriez aller voir ailleurs et revenir. Je n’idéaliserai pas ce que nous en avons fait et ce qui s’y développe aujourd’hui dans ce climat de crise, de chômage et de guerre. Parce qu’en revenant j’ai bien senti aussi tout le stress, le mal être, les dérives et les inquiétudes.

 

Alors oui je vis une ambivalence entre un retour dans un pays que je sais riche de beaucoup de choses et pas uniquement financièrement. Ce pays fait de son histoire de ces femmes et ces hommes qui pendant des siècles lui ont donné du sens, de la liberté, de la grandeur culturelle et intellectuelle.

 

Je suis rentrée chez moi, chez ceux que j’aime, ceux qui m’ont vu grandir, ceux qui m’ont nourri, ceux qui m’ont appris. Un retour vers ma famille, mes amis, ceux qui me connaissent par cœur, vers ma culture, mon coin de terre, mes repères.

 

Et en même temps je reviens vers ce que je n’aime plus, parce qu’il a détruit et il détruit encore, parce qu’il n’a pas conscience de ce qu’il fait, de ce qu’il vit, embarqué dans le navire de la mondialisation, du développement, de la croissance et qui utilise nos découvertes à anéantir ce monde.

 

Allons-nous les laisser faire ? Apparemment oui… Beaucoup comme moi l’écrivent, pas beaucoup ne bougent, trop effrayés de tout perdre.

 

Détruire l’Amazonie avec leurs barrages. Extraire du pétrole en Equateur, dans des lieux où vivent toutes les espèces endémiques de ces pays et notre oxygène. Si ils meurent, nous mourrons, mais ne sommes nous pas déjà morts de ne pas réagir à ce point.

 

Et ça je vais venir vous le dire en face. J’ai quatre mois pour vous convaincre, après j’agis avec ceux qui en auront envie.

 

Je ne suis pas une scientifique, je ne suis pas une intellectuelle. Je suis une femme qui cherche à comprendre, à apprendre et à donner accès au plus grand nombre aux talents qui sont les notres. Une femme qui aime la vie et ceux qui vivent autour d'elle. Tout comme vous parfois j’ai peur, mais je sais, parce que je l’ai vu, que c’est le moment de mettre en place une résistance. C'est l'heure, the time is now...


Nous allons perdre pour gagner, parce que nous n’avons pas le choix. Nous nous sommes trompés, il y a mieux à faire.


Gardez ce que vous avez, mais n’en demandez pas plus. Recyclez le, améliorez le, rendez le vivant.

Arrêter de répondre à ce que l’on vous demande, ce n’est pas utile.

Ce qui est utile, c’est l’eau, l’air, la nature et ce que vous ressentez au plus profond de vous.

Ce qui est utile c’est ce que nous ferons pour cette planète, pour éviter le pire et leur demander d’arrêter. Vous savez toutes ces marques que vous trouvez dans vos supermarchés. On trouve les mêmes partout dans le monde, parfois avec des noms différents. Ils ont tout investi, ils veulent que l’on devienne tous les mêmes, que l’on mange la même chose, que l’on fasse le même métier, que l’on ai les mêmes voitures, les mêmes téléphones. Et nous ici, dans ce pays, tous les jours on favorise ce développement là.

Il y a des gens dans le monde qui pensent que ce que nous vivons est ce qu’il y a de mieux. Ce n’est pas ce que j’entends depuis que je suis rentrée, à moins qu’on soit aussi les meilleurs pour se plaindre.

 

Alors j’ai fait un tour à Paris et j’y ai retrouvé Kelly, une amie, c’est la première que j’ai vu en rentrant… J’ai adoré ce moment.

Puis le lendemain je suis allée à la gare en bus, avec mes bagages pour retraverser la ville. , rien à voir avec le Matatu. Là j’ai pris mon train pour Nantes où je suis arrivée en début d’après midi et où quatre autres amis m’attendaient sur le quai, Chantal, Eric, Lionel et Marianne. C’était super émouvant et tellement bon… On a bu un café dans le bar face à la gare nord où Bertrand nous a rejoints.

Nous avons passé la soirée ensemble chez Christine une amie qui bosse dans un des lycées participant, celui d’où toute cette histoire est partie, mais ça je vous le raconte dans la conférence. 

 

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Et puis est venu le temps de mes parents, Lyli et Roger, à coté de la Rochelle où je suis depuis quelques jours. Là aussi un moment magique et le bord de mer, les baignades, Le marché, les potes, le p’tit café en terrasse chez le cafetier qui a suivi le tour du monde, quelques balades en vélo. Je me suis sentie en vacances. Les repas à se raconter et à retrouver des goûts que j’avais oublié, même si on en retrouve certains dans le monde. Les fruits de mer, le beurre, la ratatouille, le poisson, le vin, le fromage, j’attends le pot au feu avec impatience… Toute une ambiance, un lieu qui sait qui l’on est et où l’on va pouvoir se poser pour atterrir tranquillement. C'est là aussi que dans quelques jours nous allons fêter, en famille avec les frères, la grande soeur, les conjoints, les neveux et quelques amis, tout ce que nous n'avons pas pu fêter depuis un an...

 

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Ils sont partis quelques jours en vacances et je me suis remise au travail. J’ai choisi les trente photos de l’exposition et je fini d’écrire la conférence.

 

 

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Je suis heureuse de savoir ce que je sais, j’aime travailler autour de l’apprentissage et comprendre, chercher, découvrir, réfléchir. Je sais qu’il y en a qui pensent que voyager c’est fuir. Qui vous a raconté ça ? Et puis si vous avez besoin de fuir un peu, alors fuyez, allez rencontrer ce monde.

 

J’ai fait un truc incroyable. Je suis partie il y a un an et je suis revenue, j’ai des choses à vous dire. Alors si vous avez envie qu’on en parle, invitez moi chez vous, invitez aussi vos amis et leurs enfants, qu’on en discute ensemble, tranquillement.

C’est ce que je vais aller faire dans les écoles qui ont participé à ce tour du monde. Je vais aller leur raconter ce voyage et leur expliquer ce que j’ai vécu autour de la question : Pourquoi j’apprends ? A quoi ça sert ?

 

En février je repars au Costa Rica pour le séminaire des profs de français des Amériques. Un peu plus tard je retournerai au Kenya, pour construire une cabane avec eux, j’en construirai peut être une aussi au Costa Rica et au Cambodge et pourquoi pas en Afrique du Sud avec les enfants de Soweto ? Je ne sais pas encore comment je vais faire…Mais je vais le faire. Parce que même et peut être surtout, si je suis née dans ce pays, magnifique, et je sais profondément de quoi nous sommes capable, parce que nous l’avons déjà fait à plusieurs reprises, pour le pire et le meilleur. Je garderai le meilleur parce que je suis optimiste de nature. Je suis une citoyenne de ce monde et il me concerne, il me dit qu’aujourd’hui c’est ensemble que nous allons le vivre.

Je voudrais dire à tous les jeunes… Quelque soit votre âge… Que nous avons un monde à vivre, à respecter, à préserver pour tous ceux qui voudront y vivre… Et que le mode de vie que l’on vous propose est dangereux et beaucoup trop étriqué… Vivez, rêvez, voyagez, aimez… Nous ne vivons que pour cela… Il y a dans chaque graine la promesse d’un géant… Vous êtes l’un de ces géants… Et tu sais quoi ? Je pense à toi aussi Jok là, toi le voyageur des couleurs...

 

Allez voir ce film qui va sortir le 13 Novembre prochain... Je suis sûre qu'il va être très émouvant et passionnant... Il me fera peut être repartir plus tôt que prévu au Costa rica...

 

 


 

 

Je suis de sang mêlé… Une bretonne aventurière et une sudiste révolutionnaire , issue de générations de sangs mêlés… Vous lisez bien, oui vous voyez bien… Je suis française et citoyenne du monde… Je viens de donner un an de ma vie au monde et il est en train de m'offrir le reste de ma vie.

 

Et puis depuis longtemps nous devrions partager ça...

 

 


 

 

 

 

"Désormais la solidarité la plus nécessaire est celle de l'ensemble des habitants de la terre"

 

Albert Jacquard

 

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Je vous donnerais les dates des conférences qui, bien que dans des établissements scolaires, seront pour certaines ouvertes au public, vous pouvez déjà noter celle du 18 octobre au Lycée Charles Péguy de Gorges, pour l'heure on va dire vers 19h. Je n’oublie pas Lyon et Marseille, juste le temps de planifier un peu, et chez vous peu importe la saison, il fait toujours beau…

 

Je voudrais aussi remercier tous ceux qui vont m’héberger sur Nantes lors de mes passages. C’est un vrai bonheur et de vous retrouver et de savoir qu’il y a toujours des gens pour accueillir la voyageuse, que je vais continuer d’être, même dans mon pays. On éteindra la télé et je vous raconterai des histoires du monde... 

 

 

 

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             Rose du jardin de Nairobi...      

 

 

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Rose Trémière Chatelaillon Plage

 

 

Et puis, pour finir, si ça vous tente, j’aimerai bien savoir ce que vous avez retenu, vous, de ce voyage, c’est important pour une voyageuse de savoir ce que ses lecteurs ont vécu… Un commentaire ou peut être aurons nous l’occasion d’échanger dans les prochaines semaines.

 

 

Merci à tous et à bientôt

 

 

 

 

 

 

 

 


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