IL ETAIT UN FOIS... MON ARRIERE GRAND PERE...

TCHAIKOVSKY

Souvenir d'un lieu cher

Maxim VENGEROV

Il était une fois... 

Mon arrière grand père raconté par Lyli (Ma maman)...

Je l'ai connu jusqu'à l'âge de 7/8 ans, il venait à Rostrenen dans les Cotes d'Armor où nous habitions à l'époque... Il arrivait de Vergèze, pas très loin de Nimes et avait toujours une pièce d'argent pour chacun d'entre nous... La pipe à la bouche, j'en garde le souvenir d'un homme posé et discret... Je me souviens d'une photo de lui sur un rocher en bord de mer... Il m'impressionnait avec sa voix et ce regard joueur...

Voici donc une histoire que Lyli m'a raconté un soir, peu de temps avant mon départ alors que l'on avait échangé sur pleins de choses de la vie... On se dit parfois des choses différentes quand l'on sait que le temps va être un peu long avant de se retrouver... Le lendemain matin au réveil elle m'a tendu une petite copie double à grands carreaux, elle avait écrit l'histoire avant de s'endormir.  Je l'ai emmené avec moi pour vous la raconter, parce que je savais que j'allais passer par là... Mon sac à du s'égarer dans ce coin là... Comme quoi, il y en a toujours pour rester quelque part parce qu'ils s'y sentent bien...

Auguste TOUTIN raconté par sa petite fille Lyli...

C’était il y a longtemps, j’avais dix ans et mon grand père les soirs d’été m’amenait au pic du Rhony, petit monticule au nord du village, d’où assis sur les marches du vieux moulin à vent nous regardions l’horizon.

L’étoile du berger apparaissait ainsi qu’au loin les feux du phare de l’Espiguette.

L’ambiance était aux confidences, je me souviens avoir entendu mon grand père évoquer ce temps ou il avait vécu au Canada. Il ne parlait pas de sa famille, sujet sensible, mais de son travail qu’il avait quitté un beau jour pour venir en France se battre pendant la guerre de 14. Il n’était jamais retourné au Canada, mais il semblait que parfois une nostalgie de ce pays l’étreignait. D’ailleurs à de nombreuses occasions, lui qui avait une voix superbe, on lui demandait de chanter l’hymne Canadien.

Alors il me racontait (Et je ne me souviens que de peu de choses) qu’avec une équipe d’électriciens, ils installaient les lignes amenant d’Est en Ouest l’électricité dans des conditions difficiles.

Partis de Montréal, je l’entends encore évoquer Sault Ste Marie et Winnipeg. Il faisait froid parfois, ils campaient, alimentaient des feux pour éloigner les loups qu’ils sentaient proches. Rencontraient les indiens, partageaient un moment leur vie. Il y avait les rivières où pêcher le saumon, ils mangeaient des caribous.

Tous les matins de mon enfance, en sortant de mon lit, j’atterrissais sur une peau d’ours brun, les griffes des pattes crissaient sur le carrelage, il m’était alors difficile d’imaginer les lieux d’où pouvait venir ce tapis.

De ces randonnées, mon grand père avait ramené une recette de cuisine. Cette recette, même si ma grand-mère n’a jamais voulu la réaliser, a survécu. Il s’agissait de cuire des haricots avec du lard et quand mon grand père rappelait la recette regrettant surement que ma grand-mère ne s’y essaye, nous reprenions tous en chœur : « Une couche de haricots, une couche de lard, une couche de haricots, une couche de lard ». Evidemment ce plat paraissait mieux convenir à des travailleurs de force. Mon grand père était arrivé au Canada avec son père, sa mère, sa sœur et ses deux frères. Habitant d’abord au Québec, je ne sais pour quelle raison ils se sont ensuite installés à Stoney Creek dans l’Ontario. Le frère ainé est mort d’une pneumonie à quinze ans, la famille était protestante et il lui avait été alors refusé d’enterrer ce garçon au cimetière catholique. C’est donc dans une propriété amie que ce garçon fut enterré. Je me souviens que mon grand père gardait un souvenir très malheureux de cet évènement.

Le temps a passé, un jeune cousin de dix neuf ans de Stoney Creek est venu faire le débarquement en Normandie et il a été tué peu de jours après. Sa tombe se trouve au cimetière Canadien de St James près de Caen. Mon mari, une tante et moi sommes allés plusieurs fois au Canada, Montréal, Québec, Ottawa, les chutes du Niagara, Vancouver, Jasper, Banff, Vernon. Cela a été merveilleux. Nous avons retrouvé de la famille à Penetanguishene, rencontre émouvante. Nous gardons toujours une amitié très forte pour les canadiens.

Lyli...

                  

Comments

[Christine Hugo]

c'est bien jolie cette histoire. C'est surtout cette urgence à ne pas oublier, à transmettre qui me touche et qui me donne envie de voir ça avec nos chères têtes blondes...

[Perspectives Voyageuses]

Oui c'est effectivement l'occasion aussi qui fait se souvenir et redonne vie à ces belles histoires vécues par ceux qui nous ont précédé et qui avaient aussi des rêvent... Les rêvent se
transmettent aussi, même si ceux ne sont pas les même... Bises Christine et dansez bien... ;-))

[christèle]

Toujours aussi passionnantes tes tribulations:commentaires,photographies et originalité.
bises
Christèle

[Perspectives Voyageuses]

Je vois qu'il y en a qui viennent rêver avant de partir travailler... C'est une excellente nouvelle... Bises... :-))

[Sylvie Blanc]

Cette histoire est vraiment émouvante, elle parle de voyages et de transmission, la douce mélodie de Tchaikovsky se dépose en douceur sur la mémoire et sur l’automne. De plus, le sac perdu ajoute
une touche personnelle à la légende familiale, comme si finalement il fallait qu’il se perde là pour que tu laisses un peu de toi sur la terre ancestrale, de légers trophées de France pour dire «
je me souviens »…

[Perspectives Voyageuses]

C'est ça... Je ne m'y suis pas arrêtée, j'ai choisi une autre destination et c'est mon sac qui s'est posé là... Moi aussi je l'aime cette histoire, et quand c'est Lyli qui la raconte, je la
trouve encore plus belle... Merci Sylvie pour ces mots toujours aussi justes... " Je me souviendrai" longtemps... :-))